• Groupe quaker parisien - Centre Quaker International
    [CQI] 114 rue de Vaugirard, 75006 PARIS.
    Entrée par 114 bis, la grande porte
    Tel.01 45 48 74 34 et 09 80 38 22 04

    CALENDRIER - (No.120708)
    le reste du JUILLET et pour le mois d’AOUT 2012
    ACTIVITES AU CQI
    Fait à la réunion d’affaires le 8 juillet 2012

    « Les réunions des groupes nommés, invités ou
    identifiés, qui sont quand même ouverts aux autres
    personnes qui s'intéressent sont en guillemets. »

    Le reste du JUILLET 2012 : -

    « CULTE A BASE DE SILENCE de 11h à 12h les dimanches
    : - 8, 15 et 22. »

    Tout le monde est bienvenu. Il-y-aura fréquemment
    un repas après le culte. Soit on apporte un plat,
    soit on fait une contribution financière selon ses
    moyens. Il est compris que la table est ouverte aux
    personnes qui assistent.

    En date du 8 juillet le groupe n’est pas certain de
    se réunir dimanche le 29 juillet.
    C’est à préciser le plus tôt possible.

    « CULTE DE SEMAINE 19h mardi le 10 JUILLET »
    Est confirmé.

    « LE GROUPE DE PRIERE et GUERISON SPIRITUELLE
    19h mardi le 17 JUILLET. » Est confirmé.

    « ETUDE DU TEXTE QUAKER FRANCOPHONE 19h
    mardi le 24 JUILLET » Est confirmé.
    Le texte sera à décider et à diffuser.

    Le mois d’AOUT 2012 : -

    « CULTE A BASE DE SILENCE de 11h à 12h les dimanches »

    En date du 8 juillet le groupe n’est pas certain de
    se réunir les dimanches 5, 12 et 19 août.
    C’est à préciser le plus tôt possible.

    « Le CULTE A BASE DE SILENCE de 11h à 12h dimanche
    le 26 août 2012. » Est confirmé.
    Tout le monde est le bienvenu comme d’habitude au
    repas à la bonne franquette qui suivra.

    Toutes les activités de semaine au mois d’août sont
    annulées.

    Tony Marsh, secrétaire.
    Email :- anthony_c.marsh@virgin.net


  • Groupe quaker parisien - Centre Quaker International
    [CQI] 114 rue de Vaugirard, 75006 PARIS.
    Entrée par 114 bis, la grande porte ,

    Tel: 01 45 48 74 34

    CALENDRIER de JUIN 2012 ACTIVITES AU CQI

    « Les réunions des groupes nommés, invités ou
    identifiés, qui sont quand même ouverts aux autres
    personnes qui s'intéressent sont en guillemets. »

    « CULTE A BASE DE SILENCE de 11h à 12h les dimanches
    3, 10, 17, 24.»

    Tout le monde est bienvenu.  Il-y-aura fréquemment un
    repas après le culte. Soit on apporte un plat, soit
    on fait une contribution financière selon ses moyens.
    Il est compris que la table est ouverte aux personnes
    qui assistent.

    @@[1]CULTES DE SEMAINE 19h les mardis 5 et 12 sont
    annulés

    @@ REPAS du SOIR pour les MANIFESTANTS A EUROSATORY
    mardi le 12 Jeanne-Henriette Louis prend responsabilité
    l’heure est a préciser.

    « LE GROUPE DE PRIERE-GUERISON SPIRITUELLE 19h mardi
    le 19, Myfanwy Thomas prend responsabilité. »

    « ETUDE DU TEXTE QUAKER FRANCOPHONE 19h mardi le 26.
    Le texte est à décider et à diffuser. Jeanne-Henriette
    Louis prend responsabilité.»

    Tony Marsh, secretaire, anthony_c.marsh@virgin.net


  • Groupe quaker de Paris - Centre Quaker International

    CALENDRIER de MAI 2012 ACTIVITÉS AU CQI


    « Les réunions des groupes nommés, invités ou identifiés,
    qui sont quand même ouverts aux autres personnes qui
    s'intéressent sont en guillemets. »

    CULTE A BASE DE SILENCE de 11h à 12h les dimanches
    6, 13, 20, 27.»

    Tout le monde est bienvenu.  Il-y-aura fréquemment un
    repas après le culte. Soit on apporte un plat, soit on fait
    une contribution financière selon ses moyens.Il est compris
    que la table est ouverte aux personnes qui assistent.

    « CULTE DE SEMAINE 19h mardi le 1.  Actuellement il n’est
    pas possible d’être certain de faire un culte mardi le 8. »

    « RÉUNION D'AFFAIRES DU GROUPE dimanche le 13 L'ordre du
    jour sera diffusé avant vendredi 11.  Les Amis sont invités
    à prévenir le secrétaire des points à étudier avant mercredi
    9. Il-y-aura dimanche le 13 un petit déjeuner a partir de
    9h30.  Nous étudierons l'ordre du jour de la réunion
    d'affaires qui aura lieu après le culte.  C’est à noter que
    cette séance sera informelle, pour l’information des
    participants.  L’étude continuera et les décisions,
    s’il-y-en aura, seront faites à la réunion d’affaires même.
    Les personnes qui proposent d’assister au petit déjeuner
    sont invitées à me prévenir. Merci. Tony Marsh.»

    « LE GROUPE DE PRIÈRE-GUÉRISON SPIRITUELLE aura lieu à 19h
    mardi le 15. »

    « ETUDE DU TEXTE QUAKER FRANCOPHONE 19h mardi le 22.
    Le texte est à décider est à distribuer.»


    Amicalement, Tony Marsh [secrétaire du groupe] 
    Email:-  anthony_c.marsh@virgin.net


  • Groupe quaker parisien - Centre Quaker International
    [CQI] 114 rue de Vaugirard, 75006 PARIS. Entrée par
    114 bis, la grande porte ;
    Tel.01 76 90 25 30

    CALENDRIER d’AVRIL 2012 ACTIVITES AU CQI [120325]

    « Les réunions des groupes nommés, invités ou
    identifiés, qui sont quand même ouverts aux autres
    personnes qui s'intéressent sont en guillemets. »

    « CULTE A BASE DE SILENCE les dimanches de 11h à 12h
    les 1, 8, 15 (voir #[1]), 22, et 29.»

    Tout le monde est bienvenu.  Il-y-aura fréquemment
    un repas après le culte. Soit on apporte un plat,
    soit on fait une contribution financière selon ses
    moyens. Il est compris que la table est ouverte aux
    personnes qui assistent.

    « CULTES DE SEMAINE 19h mardis les 3, 10. »

    #[1]« REUNION D'AFFAIRES DU GROUPE dimanche le 15
    l'ordre du jour sera diffusé avant vendredi 12. 
    Les Amis sont invités à prévenir le secrétaire des
    points à étudier avant mercredi 11.   Il-y-aura
    dimanche le 15 un petit déjeuner a partir de 9h30. 
    Nous étudierons l'ordre du jour de la réunion
    d'affaires qui aura lieu après le culte.  C’est à
    noter que cette séance sera informelle, pour
    l’information des participants.  L’étude continuera
     et les décisions, s’il-y-en aura, seront faites à
    la réunion d’affaires même.  Les personnes qui
    proposent d’assister au petit déjeuner sont invitées
    à me prévenir. Merci. Tony Marsh.»

    « LE GROUPE DE PRIERE-GUERISON SPIRITUELLE aura lieu
    à 19h mardi le 17. »

    « ETUDE DU TEXTE QUAKER FRANCOPHONE 19h mardi le 24.
    Le texte sera diffusé. »


    Amicalement, Tony Marsh [secrétaire du groupe]
    Tel 01 53 76 47 52  et 06 98 90 20 45
    Email:-  anthony_c.marsh@virgin.net


  •  

     A LA RECHERCHE D’UN QUAKERISME FRANÇAIS AUTHENTIQUE.

    Conversation avec Jeanne-Henriette Louis par Chuck Fager.

    Publié en anglais par QUEST / Quaker Theology. Rédacteur Chuck Fager, n°18 de la revue.

    Site web :  www.quaker.org/quest

     L’entretien s’est passé au Centre quaker international de Paris en décembre 2010. Traduction en français : J.H. Louis

     

    C.F : Jeanne-Henriette, je m’intéresse à votre carrière universitaire, mais j’aimerais vous connaître un peu. Vous dites que vous êtes originaire de Bordeaux. Où avez-vous passé votre jeunesse ? Pourquoi êtes-vous devenue une Universitaire au lieu d’être  médecin, juriste, ou politicienne ? A part le fait que vous  êtes née en France et étiez francophone, pourquoi enseigniez-vous le français ? Pourquoi avez-vous décidé de vous spécialiser dans les Etudes nord-américaines ?

    J.H : Je suis née à Bordeaux dans une famille protestante dans l’Eglise réformée de France. Telle est l’éducation que j’ai reçue de ma famille, et à l’âge de 24 ans je perdis mon intérêt pour cette Eglise. Je la quittai. Je trouvais que c’était un lieu hautement estimable, fiable et digne de confiance, doté de mille qualités, mais qui était  devenu un peu ennuyeux pour moi. Ses membres étaient trop bien. Aussi, lorsque j’ai quitté Bordeaux pour Paris afin de terminer mes études, je ne me suis inscrite dans aucune paroisse protestante de Paris. J’ai tout simplement disparu. Je n’étais plus rattachée à aucune institution, mais je continuais mes explorations. J’étais un chercheur, au sens spirituel du terme. Je ne connaissais pas du tout les quakers à cette époque, mais  j’aimais suivre un grand nombre de causeries et de conférences à Paris, etc. Je goûtais à la liberté et cela me plaisait beaucoup plus que lorsque  j’étais membre de l’Eglise réformée.

    A cette époque j’étudiais afin d’obtenir un diplôme pour enseigner l’anglais dans un Lycée. J’obtins le diplôme, puis  je décidai que je devrais passer quelque temps aux États-Unis parce que lorsque j’enseignais l’anglais, mes élèves étaient très intéressés par mes cours d’Américain. Une partie du programme portait sur les îles britanniques, et l’autre partie portait sur les Etats-Unis, et je voyais la différence dans l’intérêt de mes étudiants entre ces deux secteurs. Ils préféraient vraiment les cours sur la « Civilisation américaine », comme on l’appelle dans les études d’anglais. Mais au bout de deux ans, je me suis dit « eh bien, je ne suis jamais allée dans ce pays. C’est donc un peu difficile de faire cours. » Je me portai candidate à un emploi  aux Etats-Unis, un poste  d’Assistante dans l’enseignement supérieur, et on m’offrit  un poste à l’université de Wake Forest [1968-1969].

    Le campus était relativement  tranquille à l’Université de Wake Forest, mais à présent je me souviens d’une partie des discussions sur le ROTC, donc la protestation des étudiants portait sur le ROTC.       Ils parlaient de la guerre du Vietnam. Le campus n’était donc pas complètement calme. Mais pendant ce temps  nous recevions des nouvelles de la Californie, de Berkeley. C’était le début des protestations visibles à Berkeley. Et je trouvais que Wake Forest était un peu trop provinciale pour moi. Je souhaitais passer une année de plus aux Etats-Unis et il se trouva qu’il y avait un poste libre à Berkeley pour un citoyen français alors j’ai fait acte de candidature. Je me disais que cela devait être très difficile à obtenir, mais pourquoi ne pas essayer ? Et cela a marché. J’étais surprise. J’en étais très heureuse car la Californie allait représenter un bon contraste avec la Caroline du Nord. Ainsi j’allais connaître deux  aspects de la Civilisation américaine. A Berkeley j’enseignais à nouveau la langue française. [1970]

    C.F: Ce n’était pas une année calme à Berkeley.

    J.H : Non, pas du tout. Mais très intéressante. A la fin de l’année universitaire 1970, je décidai de rentrer en France, puisque j’avais passé deux ans aux Etats-Unis, et je voulais obtenir un poste dans l’enseignement  supérieur en France, ce qui  fut le cas à Orléans, ce qui n’était pas si mal après tout.

    Je voulais être à Paris ou près de Paris et je fus nommée près de Paris, mais de toute façon j’allais souvent à Paris. Je commençai à enseigner la Civilisation américaine à des étudiants de premier cycle et cette fois je me sentais à l’aise car j’avais vécu deux ans aux Etats-Unis, c’était donc  plus concret.

    Et là, bien sûr, on me dit que je devais écrire une thèse, ce qui ne m’attirait pas du tout. Je me disais que je devrais sans doute passer toutes mes vacances  à faire cela. Je trouvais cela plutôt triste. En outre, je ne savais pas quel  sujet choisir. J’aimais beaucoup l’enseignement, mais le côté recherche, pas trop. Mais je devais trouver un sujet, et un directeur.

    Le sujet que je choisis était la période de la deuxième guerre mondiale, qui correspondait à la période  de mon enfance. Je suis née en 1938, j’avais quelques souvenirs de cette époque. Cette époque était un mystère pour moi et je voulais vraiment l’explorer davantage, pour  comprendre les raisons de cette guerre. Il s’agissait beaucoup de guerre psychologique aux Etats-Unis de 1939 jusqu’à la fin de la Deuxième guerre mondiale.

    C.F : Pouvez-vous en dire un peu plus sur la deuxième guerre mondiale, vos souvenirs de cette époque et les mystères que vous pensiez devoir explorer ?

    J.H : Oui, oui. En fait, à cette époque, ma famille n’habitait pas à Bordeaux. Nous vivions en France, dans les Pyrénées, parce que c’est là que mon père travaillait. Une partie du sud de la France ne fut pas occupée avant 1942, donc nous étions dans une zone libre pendant plus longtemps que les parisiens par exemple. Mais nous n’avons pas souffert trop fort de l’occupation due à la guerre. Malgré tout, ce n’était pas une bonne période pour être enfant, mais nous avons eu une chance relative. Mon père ne fut pas mobilisé car il avait déjà plusieurs enfants et fut  réformé. Comme  il était pacifiste au fond de l’âme, cela lui convenait.

    Egalement, je me souvenais de l’année où des prisonniers français revinrent d’Allemagne. Je pense qu’à cette époque nous vivions à Bordeaux. Donc, bien sûr, ce sont les Allemands qui étaient les ennemis pour nous. Cependant mon père, étant pacifiste, n’insistait pas trop là-dessus. Il disait que nous ne devrions pas haïr nos ennemis, donc  je reçus  une  bonne préparation pour la philosophie quaker. Bien qu’il semble qu’il n’ait pas connu les quakers. Mes frères et sœurs et moi, nous étions dans un bon contexte, je pense. Nous étions davantage encouragés à aimer nos ennemis qu’à les haïr. Mon père était devenu protestant. Il  était catholique auparavant et nous fûmes élevés dans l’esprit de l’amour évangélique ou fraternité. Il citait souvent la Bible.

    C.F : Quelles étaient  ses citations favorites  qui vous reviennent en mémoire ?

    J.H : Le Nouveau Testament. Il aimait particulièrement Jean chapitre 3, en français : « car Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu’il ait la vie éternelle ».

    C.F : S’agit-il du chapitre 3 versets 16 ?

    J.H : Oui, je crois que c’est cela. Et il aimait tant ces citations qu’elles figuraient sur un tableau accroché dans la salle à manger. Je crois que c’était en rouge. Il me semble que c’était en broderie. Il nous lisait la bible. En fait, c’était un profond croyant.

    Mes études ? J’ai appris l’anglais au Lycée et dès l’âge de 10 ans, je voulais enseigner l’anglais.

    C.F : Quelle était la profession de votre père ? M’en avez-vous parlé ?

    J.H : Non, pas encore. Mon  père était ingénieur agronome. Il avait été étudiant à l’Institut national agronomique de Paris. Il était très proche de la nature et il avait une position élevée. Mais il était plus ou moins bloqué dans la carrière dont il était directeur. Il était responsable de l’Agriculture dans le Sud-ouest de la France. C’était une belle situation mais, lorsque la guerre se termina, il fut très atterré car on lui demandait de faire des choses qu’il n’était pas prêt à faire sur le plan philosophique. On attendait de lui qu’il encourage l’agriculture industrielle or, il ne pouvait accepter cela. C’était contraire à sa conscience. Et il avait déjà plusieurs enfants à élever. C’était une forme d’objection de conscience. Cela le rendait très malheureux. Ma mère était angoissée par cette situation. Il tenta alors de se trouver un autre emploi. Il ne pouvait garder sa profession.

    Et  heureusement il trouva un autre emploi, qui consistait à enseigner dans un lycée agricole.  On trouva un Lycée près de Bordeaux. Il y enseigna principalement l’arboriculture : comment soigner les arbres ; il excellait dans ce travail. Il savait soigner des arbres qui étaient très malades. Et soigner des vignes. Bien sûr, Bordeaux est un pays de vignes. Il est devenu spécialiste de la viniculture : c’est ce qu’il enseigna à ses élèves. C’était déjà un dissident mais il ne perdit pas son emploi. Il disait à ses élèves : on me demande de vous enseigner des choses fausses. Certains de ses élèves se souviennent de cela à présent. Nous sommes restés en contact avec certains d’entre eux et ils nous disent, à mes frères et sœurs et moi-même : « Votre père avait raison. Il avait tellement raison ! ».

    C.F : Rebelles et pionniers.

    J.H. : Oui, il demeura un dissident… Alors,  je m’inscrivis à cette thèse dont le sujet était la guerre psychologique. Et tout le monde savait  que je travaillais sur la guerre, j’étudiais la guerre. Je voulais clarifier, même pour moi-même, ce qu’était un ennemi. Les Allemands étaient nos ennemis, mais je voulais éclairer davantage cette question. J’enseignai la Civilisation nord-américaine pendant sept ans. Ensuite, j’estimais que je devais revenir aux Etats-Unis car je manquais de documents pour ma thèse. Je demandais une bourse américaine de recherche que j’obtins pour un an.

    Quelle belle perspective ! Mais, en même temps, mon sujet me mettait mal à l’aise.                              Je me disais : « Comment ai-je pu me choisir un aussi mauvais sujet ? ».

    C.F : Pourquoi était-ce un aussi mauvais sujet pour vous ? Je demande cela car la guerre psychologique était une réalité qui méritait d’être étudiée et comprise. Cela ne vous a pas rendue  militariste que je sache ?

    J.H : Non, ce ne fut pas le cas. Mais ce travail était très sombre. Il m’a plongée dans une atmosphère lugubre. Je partis aux Etats-Unis. Je travaillai aux Archives nationales et ce lieu était très désagréable. Les bureaux avaient un aspect minable, tout cela était triste, aussi mon moral était-il affecté.            En outre, je travaillais sur des documents relatifs à la guerre. Bien sûr, j’apprenais des choses. Je récoltais des documents. Mais quand je rentrais à Bordeaux je dis à mes frères et sœurs : pourquoi ai-je chois ce sujet ? Et c’est moi qui l‘ai choisi, donc je ne dois critiquer personne !

    Quand je retournai aux Etats-Unis, je me rendis compte que le mouvement en faveur de l’agriculture biologique se développait. C’était un phénomène récent. Par contre, lorsque j’avais choisi mon sujet quelques années auparavant, ce n’était pas vraiment visible, surtout depuis la France. Dans les années 1976-1977, je me dis : « Quelle aberration ! Je me suis trompée de sujet. J’aurais dû travailler sur le mouvement des verts, car  j’aurais été beaucoup plus à l’aise, grâce à l’éducation que j’avais reçue de mon père !».  

    Ce qui fut extraordinaire, c’est ce qui arriva ensuite : je rentrai en France chargée d’horribles documents que j’avais réuni sur la guerre et je découvrais les mouvements pacifistes et les Quakers !

    J’écrivis quelque chose qui était une sorte de brouillon pour la thèse. Je le donnai à mon directeur, et il dit : « Ce n’est pas mal, mais c’est  un peu sec ». A cette étape, je ne pouvais plus faire grand-chose en ce qui concerne le style. Donc, lorsque je découvris les Amis (quakers) en 1980 et le concept de non-violence, les quakers, les mennonites, William Penn et la fondation de la Pennsylvanie, je me dis : « Mais la moitié de l’histoire des Etats-Unis a été oubliée !».

    C.F : Arrêtons-nous là quelques instants. Vous avez dit « lorsque vous avez découvert les quakers ». Racontez un peu comment et quand vous les avez découverts,  vous vous en souvenez ?

    J.H : Oui, oui, je m’en souviens. Ce fut un tournant crucial. A cette époque j’accomplissais une partie de ma recherche au British Muséum à Londres, excellente bibliothèque. Ils ont même un grand nombre de documents américains. Un jour, afin de terminer ma thèse, je devais vérifier un certain nombre de points, cela m’évitait de voyager jusqu’aux Etats-Unis. Donc je passai quelques semaines à Londres. Et par hasard, si je peux dire, à la Bibliothèque britannique, je tombai sur un texte quaker.

    C.F : Lequel ?

    J.H : Le premier que je trouvais était un texte américain, de Richard Gregg. L’avez-vous rencontré ? Le connaissez-vous ?

    C.F : Je connais ses écrits. Etait-ce Le pouvoir de la non-violence ?

    J.H : Oui, c’est cela ! Et c’est dans le Fellowship of reconciliation (FOR), que se trouvait l’article de Richard Gregg. Je tombais sur cet article, mais j’étais attirée par le titre « Devrions-nous tuer Hitler ? », ou « Tuer Hitler résoudrait-il nos problèmes ? ». Ce titre était plutôt provocant. Je n’avais jamais rien vu de pareil. Je le lus et je sentis : « Ah ! Cet homme a raison ». Dès lors je me rendis compte combien j’étais passée à côté de l’essentiel.

    C.F :   Un instant s’il vous plaît. La question posée par son titre était : «Tuer Hitler serait-il une solution à nos maux ? » Et la réponse était ?

    J.H : La réponse était non.

    C.F : Pourquoi ?

    J.H : Parce que l’humanité porte la guerre en elle. Et si nous ne travaillons pas sur nous-mêmes, par nous-mêmes, le meurtre d’un ennemi n’apporte pas la réponse. Ainsi c’était une grande partie de la philosophie quaker que j’étais  en train de découvrir, et je me dis : « Oh oui, c’est très vrai. »

    Comme je me trouvais à la Bibliothèque britannique, j’en profitai pour en apprendre davantage sur les Amis et je fis aussi des lectures sur Gandhi, Tolstoï, etc.  Je lus tout ce que je pouvais sur William Penn. Cela me perturba beaucoup, mais en même temps,  cela me rendit heureuse. Car tout un espace s’ouvrait devant moi et il était évident que cela avait été très peu étudié. J’avais enseigné la Civilisation américaine pendant plusieurs années sans avoir rencontré les quakers. Je me dis que les enseignants universitaires ne connaissent pas les quakers, que leurs étudiants ne les connaissent pas non plus, etc… C’étaient là de très bonnes nouvelles. Je pensai donc que j’aurais dû écrire ma thèse sur les quakers américains.

    Quand je rentrai à Paris, je rencontrai mon directeur. Mon pauvre directeur n’en pouvais plus de mes atermoiements puisque la première fois je lui avais dit que j’aurais dû écrire ma thèse sur l’agriculture biologique – Non ! dit-il. Il n’en est pas question, c’est trop tard !-   Et à présent je disais : « j’aurais dû écrire ma thèse sur les quakers…». Or à cette époque j’étais censée terminer ma thèse dans l’année qui me restait. Finalement, je me suis dit que je n’allais pas changer de sujet mais j’allais changer de problématique ; mon interprétation des documents, mon regard sur ces événements.

    Je ne changeai  donc pas de sujet mais mon directeur me dit : « Bien sûr qu’il est possible de travailler sur les mouvements pacifiques, mais vous auriez dû l’annoncer dans le titre ». Or je n’aurais pas pu écrire sur quelque chose que je ne connaissais pas. C’était une surprise. Cela s’est produit à cause du dur travail que j’avais accompli et qui m’avait mise en mesure de découvrir la paix dans ce contexte.

    Alors je dis « D’accord, je ne vais pas changer de sujet car j’ai beaucoup travaillé sur la guerre psychologique ». J’ai ramené des documents. Je les trouve tristes et déprimants, mais puisque je les ai, je vais aussi les présenter, écrire à leur sujet mais avec un commentaire différent et en comparant l’interprétation  belliqueuse et l’interprétation non-violente.

    En ce qui concerne la paix, je n’avais pas le temps de rassembler suffisamment de documents en une année. Je pris seulement quelques documents quakers, que je conservai. Je me dis que je m’occuperais d’eux après avoir soutenu la thèse. En français nous appelons cela « Post-doc ». Cela me réconcilia avec mon sujet de thèse. Quelquefois, dans mon texte je parlais de paix et pour la période de la deuxième guerre mondiale, je pouvais citer les quakers, comme Richard Cregg, mais pas plus car je n’avais pas beaucoup de temps pour développer cela.

    Et lorsque je soutins ma thèse, en 1983, je dis au jury  que j’allais changer le siècle sur lequel  je travaillais. J’avais commencé avec le 20ème siècle, mais le plus important, c’est la période des 17ème et 18ème siècles. C’était ce que je ferais plus tard comme travail postdoctoral. Je dis que nous devrions commencer avec la fondation de la Pennsylvanie et, quelque chose qui ne dura pas très longtemps, L’Expérience sacrée [the Holy Experiment]. C’est ce que je fis. Le Jury fut très compréhensif.

    C.F : Je me souviens de quelqu’un dans votre Jury qui a joué un rôle important dans mon propre développement. Ou, du moins, il me semble que vous m’avez parlé de lui.

    J.H : De qui parlez-vous ?

    C.F : Oui, dans votre jury, un érudit qui a eu beaucoup d’influence sur mon propre développement.

    J.H : Jacques Ellul.

    C.F : Oui

    J.H : Ah oui. Et je le connaissais parce qu’il était protestant, dans la même Eglise que ma famille.

    C.F : Donc à présent nous devons nous arrêter, et parler de Jacques Ellul et de Bordeaux…

    J.H : C’était un ami de mon père.

    C.F : Cela ne me surprend pas du tout.

    J.H : Oui, j’avais lu plusieurs de ses livres et je les appréciais beaucoup. Lorsque j’eus à composer le Jury (je disposais d’une certaine liberté à ce sujet), je dis à mon directeur que j’aimerais qu’il y ait Jacques Ellul et il accepta.

    C.F : Donc vous avez soutenu votre Thèse et tout s’est bien passé, je suppose ?

    J.H : Oui, la soutenance s’est très bien passée. Je me sentais à l’aise avec cette version, qui n’était plus sèche. Vous vous souvenez que la première version était sèche, m’avait-on dit, et je ne savais pas comment la rendre plus attrayante mais ensuite j’écrivis d’une façon naturelle. Mon style s’était amélioré car je mes sentais en accord avec moi-même. Donc  oui, tout se passa bien. Ensuite, je commençai mon travail de post-doc par le 17ème siècle et je continue à travailler sur ce siècle.

    C.F : D’accord, laissons cela pour le moment, je veux revenir en arrière. D’abord vous avez découvert les quakers à la Bibliothèque  britannique de Londres. Mais alors,  vous êtes-vous d’abord   instruite par davantage de lecture ou avez-vous cherché un groupe afin de rencontrer des quakers en France ?

    J.H : Oui, ce fut même plus que cela. Un ami connaissait le Centre quaker de Paris. Quand je lui dis que j’avais découvert les quakers, il me dit : « Je peux vous y accompagner un dimanche».            Donc il m’y amena.

    C.F : Bien. Vous souvenez-vous de l’année où cela se passa ?

    J.H : A la fin de 1981. Je travaillais encore à ma thèse, mais c’était presque la fin. Et je trouvai  au Centre quaker Gretchen Ellis, une jeune Américaine sympathisante, qui était arrivée avant moi.

    Nous nous demandions : ce Centre quaker va-t-il survivre ou non ? Car il y avait vraiment très peu de monde et les personnes qui étaient là étaient âgées et déprimées. Gretchen, Claude (une autre sympathisante) et moi, décidâmes de demander à devenir membres. Nous hésitions car c’était une grosse responsabilité. Ce n’était pas un groupe prospère du tout mais nous nous disions que nous ne pouvions pas le laisser mourir sous nos yeux sans rien faire. Ce n’était pas envisageable.               Donc, au bout de deux ans, nous demandâmes à devenir membres alors la moyenne d’âge baissa.

    C.F : D’accord, donc vous fréquentiez le Centre quaker et étiez active en tant que sympathisante pendant que vous terminiez votre thèse puis, vous êtes entrée dans la Société religieuse des Amis dans les années 1980. Pouvons-nous continuer en parlant de votre souci pour les quakers en France ? Je suppose qu’il y a des liens ici.

    J.H : Oui, il y en a. Je découvris  la Maison quaker de Congénies (berceau du  premier groupe quaker en France) qui, à cette époque, n’avait pas été restaurée. A présent elle est très belle. Vous l’avez vu. Mais j’ai lu un livre sur les quakers français, écrit par Henry van Etten. Il était originaire des Pays-Bas mais il vivait en France et il fut secrétaire de l’Assemblée de France pendant plusieurs décennies.  Son livre est un résumé de l’histoire des Amis français. Nous l’avons fait rééditer cette année car il était épuisé. Cette lecture m’a beaucoup éclairée. Dès lors j’avais l’ensemble de l’histoire. Je me suis dit : « l’Assemblée de France est en mauvais état parce qu’elle a été trop influencée par les Amis anglophones, en particulier les Ami  britanniques. Elle a été un peu étouffée et ne pouvait trouver son identité librement donc j’ai trouvé cela plutôt triste. Je pensai que je pouvais aider les Amis français à trouver leur identité.

    C.F : Bon. Laissez-moi vous interrompre pendant une minute au sujet de ce livre de Henry van Etten. Je voudrais connaître 2 ou 3 points remarquables dans l’histoire qu’il relate. Jusqu’où remonte-t-il ?

    J.H : Il remonte à l’histoire des protestants français aux 16èmeet 17ème siècles. Et voici comment, d’après mon analyse, cela devrait être souligné : L’histoire des protestants français, c’est l’histoire de leur persécution. Cela est peu connu. En fait, les Protestants la connaissent, mais les non-protestants  la connaissent très peu. Les Français qui veulent s’instruire sur les quakers étudient surtout l’histoire quaker britannique et leur tête est pleine d’histoires quakers et de persécutions…en Grande-Bretagne.

    Ils étaient au courant de l’histoire des quakers à l’époque de George Fox et même après, mais ils n’étaient pas au courant de la persécution des protestants français, donc ils avaient adopté l’histoire des quakers donnée par les quakers britanniques, ce qui est normal de la part de quakers britanniques. Je trouve cela normal, bien qu’il y ait un certain regret chez moi [au sujet de ce côté britannique], mais cela se comprend. Pour les quakers français, si tout l’espace est pris par l’histoire des quakers britanniques  et qu’il ne reste pas de place pour parler de la persécution des protestants, alors la base, pour l’histoire des quakers français, est fausse.

    C.F : Ainsi, les protestants français furent persécutés. Il me semble me souvenir que vous  avez parlé de protestants qui  annoncèrent qu’ils s’identifiaient avec les Amis ? Pouvez-vous parler un peu de cela ?

    J.H : Oui, les premiers quakers français étaient des descendants spirituels de protestants français. Ils venaient principalement du Sud de la France, près de Nîmes. Oui, c’étaient des descendants spirituels de Camisards qui avaient refusé de se battre dans cette guerre, au début du 18ème siècle.

    C.F : C’est quoi  Camisards ?

    J.H : C’était des combattants protestants dans une guerre entre protestants et catholiques dans laquelle les protestants étaient persécutés. Dans les montagnes (dans la région des Cévennes), ils devaient se cacher pour tenir leurs cultes. La guerre des Camisards éclata  autour de 1702 et certains des protestants persécutés combattirent vaillamment, mais d’autres refusèrent de se battre, même pour se défendre eux-mêmes. C’étaient les futurs ancêtres spirituels  des quakers français. Et la rencontre entre les protestants pacifistes et les quakers britanniques eut lieu en 1785 mais ce serait une longue histoire.

    C.F : Pourriez-vous m’en dire davantage sur cette rencontre ?

    J.H : Oui,  un quaker britannique copropriétaire de navires nommé Joseph Fox, possédait quelques navires  qui pillèrent des navires français. Les navires furent engagés dans la Guerre d’Indépendance du côté britannique contre les Français.

    C.F : C’était un quaker britannique en Angleterre ?

    J.H : C’était un quaker britannique en Angleterre et c’est après la guerre américaine d’indépendance qu’il se rendit compte que ses navires avaient pillé des navires français à son insu. Parce qu’il était copropriétaire des navires, il regrettait beaucoup cela ; donc il rencontra les copropriétaires non-quakers qui voulaient lui donner sa part du butin. D’abord  Joseph Fox refusa, puis il accepta et il mit cet argent dans une banque ou l’équivalent afin de le rendre aux victimes. Il envoya son fils Edward en France avec mission de trouver les victimes. Le fils fit publier une annonce dans la Gazette de France, indiquant qu’ils voulaient retrouver ceux qui avaient perdu des biens à cause de ses navires et les indemniser. Cela vint à la connaissance  des villageois de Congénies, dans le sud de la France.

    Or à Congénies un groupe avait commencé à se former. Ces personnes n’étaient pas quakers mais c’étaient des protestants pacifistes,  leur philosophie n’était pas éloignée de celle des quakers britanniques.  L’un d’eux, je pense que c’était Jean de Marsillac, écrivit une biographie de William Penn. Il était français, il était devenu un CouflaÏre français, comme on les appelait;  « Couflaïre » signifie « gonflé » en provençal.

    Et lorsque de Marsillac vit la lettre de Edward Fox, il dit que le groupe devait prendre contact avec lui. C’est ce qu’ils firent. Ils écrivirent « Nous ne connaissons pas l’histoire du pillage des bateaux, mais nous pensons que nous sommes Frères. Nous sommes très impressionnés par votre philosophie quaker, donc nous devrions peut-être nous rencontrer ». Edward répondit et, lors des années suivantes, des contacts furent établis, des lettres furent écrites, puis Jean de Marsillac fut invité à rendre visite à des Amis britanniques. Et trois ans plus tard, les Couflaïres devinrent quakers car ils avaient dit qu’ils souhaitaient devenir membres de la Société religieuse des Amis. C’est ce qui se passa en 1788, lorsque des Amis venant de Grande-Bretagne et de Nantucket en Amérique vinrent à Congénies. Il y eut une petite cérémonie et ils tinrent un culte à la manière quaker. C’est là l’origine du quakerisme à la française.

    C.F : Je suis captivé. Les Amis de Congénies n’étaient pas liés à l’histoire des navires pillés. Edward Fox a-t-il jamais trouvé les propriétaires des navires français pour leur rendre l’argent ?

    JH : Oui, il les a retrouvés. Il leur donna l’argent qui fut restitué en quelques années. Le père et le fils s’appelaient tous les deux Fox, mais ils n’appartenaient pas à la famille de George Fox [en fait c’est un remboursement fait  à  un propriétaire de bateau à Sète, un port pas loin de Congénies, qui avait alerté les Couflaïres sur l’existence des quakers [NDLR]

    C.F : D’accord. Donc nous avons les quakers français au début, à Congénies, histoire inconnue, même en France. Y a-t-il des faits dignes d’être soulignés entre cette époque et le moment où vous êtes arrivée, que nous devrions connaître ?

    J.H : Il y a la construction de la Maison d’Assemblée à Congénies en 1822. Avec de l’argent donné par les quakers britanniques et l’argent de quakers américains.

    C.F : Avec, dites-vous,  l’argent quaker britannique et américain, cette maison fut construite en 1822. La première fois que je vous ai rendu visite vous m’avez  montré un album de très vieilles photos de quakers qui ont passé du temps là-bas. Cela montrait que Congénies devenait un lieu estival pour les quakers qui pouvaient se permettre d’aller dans le sud de la France.

    J.H : Oui, c’était une terre de missionnaires. Et Congénies était le lieu essentiel où on pouvait rencontrer des quakers, cela ne dépassait pas 300  personnes, mais la majorité des habitants  étaient devenus des Amis.

    C.F : Mais on a l’impression que ce groupe disparut à un certain moment. Quand cela s’est-il passé ?

    J.H : A la fin du 19ème siècle. Une des raisons à cela, c’est qu’aux Etats-Unis il était plus facile d’être considéré comme objecteur de conscience qu’en France. Donc, certains hommes ont choisi d’immigrer aux Etats-Unis. Et l’autre raison, c’était le mariage. Il y avait  beaucoup de protestants dans la région, certains hommes et certaines femmes épousèrent des protestants.

    C.F : Se marier « en dehors du groupe quaker », comme on dit aux Etats-Unis. Aux Etats-Unis ils étaient exclus lorsqu’ils faisaient cela.

    J.H : Oui, Je ne pense pas qu’ils aient été exclus à Congénies. Mais  le groupe diminua jusqu’à  extinction. [Le dernier culte eut lieu en avril 1905, et le bâtiment fut vendu en 1907 [NDLR]

    C.F : Et quand a-t-il été « réveillé » ? 

     J.H : Il était censé être relancé à la fin de la Première Guerre mondiale. Cela a été fait par  des Amis britanniques et américains. Le premier Centre quaker en France a été ouvert en 1920 à l’Hôtel britannique, Avenue Victoria.

    C.F : Donc, à un moment donné, un Centre quaker fut établi en 1920 à l’Hôtel britannique. Plus tard, la Maison quaker de Congénies fut réveillée et elle fonctionne actuellement.

    J.H : Oui, mais beaucoup plus tard, car il fut réveillé ici et à Congénies au 20ème siècle. A Congénies il ne restait pas grand-chose…, et vers la fin du 20ème siècle, plusieurs amis en France pensaient que ce serait bien de racheter la maison. Ils se souvenaient  de l’histoire et j’étais une de ceux qui  encourageaient à acheter la Maison. Lorsque les Tomlin sont arrivés [des Amis britanniques retraités], ils jouèrent un rôle déterminant dans l’achat de la maison et le réveil du groupe de Congénies. Donc la Maison de Congénies fut rachetée en 2003, avec l’aide de nombreux Amis britanniques. Puis elle fut rénovée ; la rénovation fut vraiment bien réalisée.

    C.F : Je voudrais revenir à votre souci de reprendre cette histoire quaker inconnue et la prolonger afin d’en faire une base pour un quakerisme français  indigène, et combien cela a été un but encourageant à atteindre.

    J.H : Oui, c’est une gageure, quelque chose de  difficile, car cela a été essayé plusieurs fois et cela n’a jamais marché. A part les 300 Amis à Congénies, cela ne s’est jamais vraiment  étendu. Quelques-uns  dans la région de Paris, ont essayé, mais il y a beaucoup de pression de la part des Amis britanniques, des Amis américains, et bien que j’aie essayé, je pense que cela vient d’un blocage profond dans l’esprit des francophones, dans leur subconscient.

    Parce que, si on y réfléchit, bon nombre partagent la philosophie quaker, donc pourquoi n’essaient-ils pas d’appartenir à la Société religieuse des Amis ? Et l’une de ces raisons, à mon avis, c’est que justement c’est très proche de l’Eglise réformée. Beaucoup de personnes ont appartenu à l’Eglise réformée. Pourquoi iraient-elles ailleurs ? Et en fait les Réformés français et les quakers se connaissent à peine, même maintenant. L’Eglise réformée en France aime la simplicité et les deux ont beaucoup de valeurs en commun. Donc, en quelque sorte, c’est un handicap pour le quakerisme. Je me suis dit : « Après tout, s’ils sont heureux à l’intérieur de l’Eglise réformée, pourquoi n’y resteraient-ils pas ? »

    C.F : Mais qu’en est-il des plus de 90% de français, selon mes informations, qui ne fréquentent aucune église ?

     

    J.H : Oui ? Je pense qu’ils ne fréquentent aucune église car ils ne sont pas sûrs qu’une église  peut leur apporter quelque chose qu’ils n’ont pas déjà. Il y a aussi la tradition française de laïcité, vous savez, la séparation entre l’Eglise, qui était l’Eglise catholique à cette époque, et l’Etat ; les agnostiques sont bien acceptés en France. Le quakerisme est en France ce qu’il ya de plus proche de la position agnostique. Comment puis-je expliquer cela ? Nous avons ici [au Centre quaker de Paris] une affiche. Je pense qu’elle est très  pertinente à présent. Cette affiche bleue est ici depuis longtemps, mais à présent, avec tous les changements qui surviennent au sujet de la laïcité, je pense que cette affiche est pertinente. Et à l’époque de la révolution française il y avait beaucoup d’intérêt pour les quakers.

    C.F : Mais des 90% qui ne vont à aucune église, combien verront cette affiche sur ce mur ? Serait-il utile qu’elle soit vue ailleurs ? Sur notre chemin depuis la station de métro comme nous le fîmes  aujourd’hui jusqu’à ce local ici, nous avons vu de nombreuses indications, affiches, panneaux, et je n’ai  rien vu indiquant « Centre quaker  par ici. »

    J.H : Non, mais peut-être nous pourrions le mettre sur notre site web.

    C.F : La question qui se pose pour moi, c’est ce que aux Etats-Unis nous appellerions  « outreach », en français le rayonnement. Comment les autres entendront-ils parler du quakerisme ? Je sais qu’aux Etats-Unis, bien que les quakers soient mieux connus qu’en France,  il y a encore de grandes proportions de la population qui n’ont aucune idée de ce qu’ils sont. Je rencontre encore des Américains qui disent : « Que sont les quakers » ? Et je dis « Nous sommes une Eglise, un peu comme les Baptistes ou les Méthodistes, mais plus petits ». Donc il y a encore un grand nombre de gens que nous n’atteignons pas. Le rayonnement c’est une tâche qui ne finit jamais, même pour nous. Qu’en pensez-vous ?

    J.H : Dieu y pourvoira

    C.F : Dieu pourvoira, d’accord. Mais je ne sais pas comment. Les affiches dans les autobus…

    J.H : Savez-vous combien cela coûte ?

    C.F : Non, mais… les  autocollants  pour pare-chocs…, ils sont bon marché…

    J.H : Je compte davantage sur l’éveil spirituel des enseignants, même les professeurs d’anglais, qui ne connaissent pas les Amis et qui sont en train de les découvrir à présent parce qu’ils ont découvert leur rôle dans l’abolition de l’esclavage. Une fois qu’ils seront réveillés, beaucoup de choses surviendront, je pense. En ce moment, ce n’est qu’un début, car lorsque les enseignants ignorent qui sont les quakers, des  milliers d’enfants restent ignorants, donc je compte là-dessus car je sais que les choses changent en ce moment.

    C.F : Comment pouvez-vous vous adresser aux enseignants ?

    J.H : Ce sont mes collègues à présent. Les universitaires forment les futurs enseignants du secondaire.

    C.F : Donc vous continuez votre initiative d’information auprès des Universitaires qui, nous l’espérons, informeront les enseignants des Lycées au sujet des quakers.

    Y a-t-il autre chose dont nous ayons besoin au sujet de vos espoirs,  rêves et initiatives pour le quakerisme français ? Supposons que nous revenions dans 20 ans, et que tout aille bien, que pensez-vous que je pourrais voir ? Supposons que mes petits-enfants  viennent ici en visite ?

    J.H : Davantage de spiritualité en France, bien que je pense qu’il y a déjà beaucoup de spiritualité. Je pense que le rôle des quakers depuis  le début du mouvement, a été l’éveil spirituel. Je suis persuadée que nous sommes dans une période cruciale pour l’humanité, où l’esprit et la matière devraient se réconcilier, et la spiritualité devrait se développer.

    Bibliographie : Henry van Etten, Chronique de la vie quaker française, 4ème édition. La réédition du livre de Henry van Etten, Chronique de la vie quaker française, a été menée à terme avec succès par les Editions Ampelos en 2009. L’ouvrage contient une nouvelle introduction, et une bibliographie réactualisée. Il est disponible pour 20€ au Centre quaker de Paris et au Centre quaker de Congénies s’il est pris sur place. Pour les commandes, s’adresser à : http://www.lulu.com/content/livre-%c3%a0-couverture-souple/chronique-de-la-vie-quaker-fran%c3%a7aise/7164243                                                                                                                             

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